Relancer l’investissement

La France Insoumise (FI) prévoit d’injecter 102 milliards d’euros supplémentaires sur 5 ans dans l’économie, pour des investissements écologiquement et socialement utiles, soit environ 20 milliards d’euros par an.

  1. Le plan d’investissement
  2. Efficacité économique
  3. *Qu’est ce que le « protectionnisme solidaire » ?
  4. Financement du plan d’investissement

Le plan d’investissement

45 milliards dans l'urgence sociale

7 milliards dans les services publics

50 milliards dans l'urgence écologique

L’essentiel de cet investissement se fera au bénéfice des entreprises locales. Par exemple, dans le cas du « plan 0 obstacles », une mairie pourra faire appel à une entreprise de BTP locale afin de construire une rampe d’accès à un bâtiment municipal.

Efficacité économique

Les études récentes sur le sujet, du FMI par exemple, indiquent que l’investissement public a un fort effet d’entraînement sur l’investissement privé. Les nouveaux projets et l’amélioration des infrastructures génèrent de nouvelles activités et de nouvelles initiatives, renforçant l’effet initial. D’après l’économiste Paul Ragot, l’investissement public rapporterait entre 1,3 et 2,5 euros par euro investi. Le FMI plaide aussi pour la hausse des investissements publics, mais selon l’OFCE, ils doivent se faire en priorité dans la transition énergétique ou l’éducation pour être efficaces. Dans ces prévisions budgétaires, la France Insoumise est restée prudente et a retenu un coefficient multiplicateur des investissements publics de 1,4.

Les critiques avancent souvent l’idée que ce plan augmenterait les importations d’une manière démesurée. Mais plusieurs arguments contredisent cette idée. D’après le livret « Produire en France » du programme de la FI, « la libéralisation des échanges commerciaux a conduit à une hausse de l’ouverture de l’économie française : le ratio commerce/PIB est passé de 30 à 60 % entre 1960 et 2015. Notre programme devrait permettre de limiter ces “fuites” :

Le protectionnisme solidaire* permet de diminuer le taux d’ouverture commerciale. La relance par l’investissement public est moins intensive en importations que s’il s’agissait d’une relance par la consommation. Selon la Direction du Trésor, le bâtiment, qui est au coeur de notre plan d’investissement, est un des secteurs les moins utilisateurs de ressources importées. La redistribution des richesses diminuera le poids des importations. Selon un rapport publié par le Sénat, 12,5 % de la consommation des plus pauvres correspond à des produits importés (15 % pour les plus riches). Toutefois, les infrastructures en énergies renouvelables sont en grande mesure importées. La transition requiert une logique d’ensemble et une politique industrielle ambitieuse. C’est pourquoi la planification écologique est nécessaire pour créer des filières nationales. »

*Qu’est ce que le « protectionnisme solidaire » ?

D’après le livret thématique « Produire en France » :

« Le protectionnisme solidaire consiste à mener des politiques pour développer notre tissu productif, via des partenariats négociés avec les pays étrangers. Il n’est pas responsable d’importer des produits participant à une destruction massive de la nature ou à la remise en cause de droits humains fondamentaux. Cela peut donc se traduire par des droits de douane, par des interdictions de certains produits, ou au contraire par des subventions aux produits nationaux. (…)

Protectionnisme solidaire

Il s’agit donc :

  • D’imposer une taxation écologique aux frontières, comparable à une taxe kilométrique progressive, prenant également en compte les modes de transport et de production (…).
  • D’interdire l’importation des produits réalisés dans des conditions de travail inacceptables.
  • D’instaurer une taxation sociale aux frontières sur la base du droit social du pays exportateur (salaire minimum, droit à la retraite, etc.) en cas d’absence d’accord.
  • D’arrêter immédiatement d’appliquer la directive sur les travailleurs détachés, en étendant à tous les travailleurs les cotisations et le salaire sur la base du droit français.

Il s’agit aussi de mettre en place un contrôle des capitaux afin de lutter contre la fuite de ces derniers et contre l’évasion fiscale. Cela impliquera notamment les mesures suivantes :

  • Exiger un dépôt de garantie préalable auprès de la Banque de France en contrepartie de tout investissement dans le pays (comme c’est déjà le cas au Brésil) (…).
  • Exclure de toute commande publique les entreprises ayant des filiales dans les paradis fiscaux.
  • Mettre en place une taxation des importations sur les entreprises ayant délocalisé, taxation qui alimenterait un « Fonds solidaire d’aide à la relocalisation et de lutte contre les délocalisations », en remplacement du Fonds d’ajustement de la mondialisation. »

Financement du plan d’investissement

Au niveau du financement de ce plan d’investissement, la France Insoumise a fait un chiffrage précis pour les recettes. Elle prévoit 190 milliards d’euros de recettes par an, dont 55 milliards d’euros qui viendraient de la relance économique, le reste se répartissant de la manière suivante :

38 milliards d’euros avec la suppression ou la réorganisation de certaines niches fiscales (estimation assez faible). 33 milliards d’euros sur tout le programme fiscal : TVA grand luxe (5 milliards d’euros), renforcement de l’ISF et des droits de succession (3 milliards d’euros), imposition des hautes transactions immobilières (5 milliards d’euros), réforme de l’impôt sur les revenus, impôt universel, remise à plat des aides publiques et exonérations aux entreprises, taxation de leurs bénéfices (10 milliards d’euros), et mise en place d’une taxe sur les transactions financières (5 milliards d’euros). 30 milliards d’euros en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale, estimation assez basse, notamment en renforçant les moyens humains et techniques de l’administration fiscale et des douanes, en interdisant aux banques françaises toute activité dans les paradis fiscaux, et en luttant au niveau international. 21 milliards d’euros en supprimant le CICE. 13 milliards d’euros avec d’autres recettes, comme les mesures anti-dumping d’urgence sur les industries stratégiques et la hausse immédiate des droits de douane pour les pays aux droits sociaux limités, le fait de cesser d’appliquer la directive sur le détachement de travailleur⋅euse⋅s, une taxe kilométrique aux frontières ou une contribution carbone.

Le déficit budgétaire prévu est de 3,5 % du PIB en moyenne sur le quinquennat, et il est prévu qu’il monte à 4,8% en 2018 mais finisse à 2,5 % du PIB en 2022.